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Le quartier de Spring Gardens s’était endormi sous la neige. Higgins avait pris soin d’envoyer au docteur Pettigrew une invitation à une soirée mondaine où des voyageurs revenant d’Égypte vendraient peut-être une momie. Ces bons amis du Traveller’s Club occuperaient l’anatomiste pendant plusieurs heures, laissant le champ libre à l’inspecteur-chef pour explorer la demeure de l’étrange praticien.

Décoré la veille par le roi George IV, Higgins ne pouvait prendre le risque de mettre en péril sa réputation et la naissance de Scotland Yard. Mais il lui fallait poursuivre son enquête et en avoir le cœur net à propos de l’éventuelle culpabilité de Pettigrew.

Bien entendu, l’inspecteur-chef agissait le jour de congé des domestiques. L’un de ses indicateurs observait les alentours et sifflerait à pleins poumons en cas de danger.

Higgins utilisa le passe universel que lui avait offert le roi des cambrioleurs au moment de son départ à la retraite. Perfectionné au cours de longues années de pratique, ce remarquable objet ouvrait toutes les serrures et ne laissait aucune trace.

Le hall était décoré de planches d’anatomie issues des traités publiés depuis le XVIe siècle. Certaines traduisaient davantage une vision artistique qu’une étude scientifique, mais l’ensemble engendrait une sensation de malaise. Le petit salon accueillant les visiteurs présentait une série d’écorchés qui n’incitaient pas à fréquenter l’endroit trop longtemps. À la place de la salle à manger, un cabinet médical agrémenté de scalpels, de scies, de pots remplis d’acides et de diverses solutions. La cuisine, elle, contenait des substances comestibles.

À l’étage, trois chambres au mobilier sommaire ressemblaient à des bibliothèques aux étagères surchargées de livres de chirurgie et de médecine.

Restait une porte soigneusement close. Trois verrous de première qualité qui se montrèrent assez récalcitrants. À priori, un bon signe. Le docteur Pettigrew avait quelque chose à cacher.

La porte s’ouvrit en grinçant.

Des murs nus, peints en vert. Au centre de la pièce, une énorme malle de la taille d’un sarcophage.

Si Pettigrew avait volé la momie, il était aussi l’assassin des trois notables. Et sous le masque d’un honorable anatomiste se cachait probablement Littlewood, le chef des révolutionnaires.

Higgins ôta délicatement le verrou et souleva le couvercle, se préparant à contempler le visage d’un ancien Égyptien.

Des vêtements d’enfant, de petites chaussures, des dessins naïfs, des jouets en bois, un journal intime. On pouvait être médecin et nostalgique.

 

Lady Suzanna et Higgins empruntèrent une barque pour se rendre aux Royal Vauxhall Gardens, ainsi baptisés après la récente visite de George IV en ce lieu de plaisirs, sis sur la rive droite de la Tamise où les bonnes mœurs n’étaient pas toujours de mise.

L’hiver accordait une trêve aux Londoniens, un pâle soleil faisait briller les eaux du fleuve. Beaucoup profitaient de ce moment de répit et parcouraient les allées de ces jardins aux pelouses impeccablement entretenues et aux grands arbres protecteurs. La particularité de l’endroit était son aspect antique : fausses ruines, statues, grottes artificielles et cascades. Des pagodes et des pavillons chinois ajoutaient une note d’exotisme, prisée des aristocrates.

— J’aime venir méditer ici, avoua la jeune femme. On se croit loin de l’Angleterre, dans un pays imaginaire. Rêver d’un passé merveilleux, sans crimes ni violences, n’est-ce pas un plaisir délicieux ?

— La mémoire me manque, confessa l’inspecteur-chef. Comment avez-vous obtenu la liste des acheteurs de reliques égyptiennes ?

— J’ai assisté au débandelettage de la momie, rappelez-vous. Je connaissais certains d’entre eux, l’acteur Peter Bergeray et l’homme politique Francis Carmick. J’ai demandé le nom des autres à Giovanni Belzoni, puisque vous êtes persuadé que l’assassin et voleur de momies appartenait à ce petit cercle. Une hypothèse remarquable… tout à fait remarquable. Ai-je correctement déchiffré votre pensée ?

À l’abri d’un kiosque, un orchestre jouait une sérénade de Mozart. La grâce de cette musique enchantait les passants et quelques auditeurs attentifs. Le policier et l’avocate goûtèrent une ultime mélodie avant de reprendre leur promenade.

— Le domicile du docteur Pettigrew n’abrite pas la momie, révéla Higgins, et je n’ai pas de raisons de croire qu’il soit mêlé à cette affaire.

— Ma propre enquête aboutit à des conclusions différentes, objecta la jeune femme. En étudiant les registres cadastraux, j’ai fait une curieuse découverte. Francis Carmick possède une grande propriété, à proximité de Greenwich. Pas de maison sur ce vaste terrain, mais une sorte de mausolée ressemblant à un tombeau égyptien.

— L’avez-vous visité ?

— Le devoir et la curiosité me l’imposaient, inspecteur. Comme la porte de bronze n’était pas fermée, ma tâche fut aisée.

— Et vous espériez découvrir la momie de Belzoni ?

— J’en étais presque certaine ! Cruelle déception. Un sépulcre glacial, mais pas complètement vide, car il contient une cuve en pierre, forcément destinée à recevoir le corps – ou dois-je dire la momie ? – de Francis Carmick. Et ce n’est pas tout. Carmick n’a cessé de harceler Belzoni afin d’obtenir un maximum de détails à propos de la momification. Ne s’estimant pas satisfait, il a recherché des érudits, fort rares, s’occupant de cette question. Qui a-t-il déniché ? Le docteur Pettigrew ! Ils déjeunent souvent ensemble et, selon les témoignages, les discussions sont très animées. N’êtes-vous pas troublé, inspecteur ?

— Remarquables résultats, lady Suzanna.

— J’ai eu de la chance. Le notaire de Carmick est une relation de longue date, et j’ai recueilli ses confidences. Il estime que les projets politiques de son client sont dangereux et se demande parfois si sa passion pour les momies ne le rend pas complètement fou.

— J’aimerais connaître votre opinion à propos de M. Belzoni.

— Un personnage fascinant, généreux et rêveur, incapable d’avoir les pieds sur terre. Heureusement, son épouse, Sarah, le ramène de temps en temps à la réalité. C’est une femme admirable, d’un courage inébranlable. Leur adaptation à la société londonienne me paraît sérieusement compromise. En dépit de leurs efforts, ils ne parviendront pas à devenir de bons bourgeois respectables. Leur tempérament d’aventuriers reprendra le dessus et ils repartiront en quête de nouveaux trésors. Le succès de Belzoni et la ferveur du grand public lui attirent quantité d’ennemis qui l’empêchent d’obtenir la reconnaissance officielle dont il a tant envie. Si nous déjeunions, inspecteur ? J’ai commandé un repas simple dans un endroit tranquille.

Les Royal Vauxhall Gardens offraient restaurants, salles de bal, spectacles d’ombres chinoises et d’acrobates, feux d’artifice et concerts. La jeune femme avait réservé un kiosque, à l’abri du vent et des badauds.

Le cuisinier vint aussitôt saluer ses hôtes et leur proposa une truite saumonée sur un lit de poireaux. Le vin de la maison était un rouge léger et fruité.

— Avez-vous assisté au dernier spectacle de Peter Bergeray, inspecteur ?

Higgins opina du chef.

— Surprenant, n’est-ce pas ? Notre grand acteur shakespearien transformé en momie et terrorisant une salle entière ! Et cette momie bouge, grimace et menace. On la jurerait revenue des enfers, décidée à détruire l’humanité entière.

— Ce n’est que du théâtre, lady Suzanna.

— Espérons-le !

— En douteriez-vous ?

— Bergeray se prétend médium, et de hautes personnalités le consultent, Francis Carmick en tête. J’aimerais savoir ce qu’il lui raconte !

— Comment avez-vous appris ce détail ?

— Toujours grâce au notaire. D’après lui, un homme politique entiché d’occultisme ne mérite pas d’entrer au gouvernement. Et notre acteur possède d’autres talents qu’il préfère cacher !

— Également liés aux momies ?

— On ne saurait mieux dire, inspecteur ! Au cours d’une ennuyeuse soirée chez un baron épris d’art dramatique, j’ai rencontré le dernier amant en date de Bergeray. Un jeune homme à la pointe du dandysme, contraint de changer de chemise cinq fois par jour et de consacrer ses après-midi à ses tailleurs. L’excès de champagne lui a délié la langue, et il ne s’est pas montré avare de révélations. La passion secrète de Bergeray, c’est la peinture, et pas n’importe laquelle : exclusivement des portraits de momies ! Quand son ultime maîtresse a vu les tableaux, elle a été horrifiée et s’est enfuie en hurlant. Depuis cet épisode, le comédien ne s’intéresse plus aux femmes, incapables d’apprécier son génie, et il choisit des dandys à la sensibilité délicatement décadente. Ah, j’oubliais : cette béotienne au manque de goût impardonnable s’appelle Kristin Sadly.

— La Kristin Sadly qui assistait au débandelettage ?

— J’ai voulu en avoir le cœur net et j’ai tenté de la localiser.

— Avec succès ?

— Ce ne fut pas facile, mais ma profession ouvre nombre de portes. En réalité, dans son domaine, cette dame est plutôt voyante ! Elle possède une papeterie et des entrepôts sur les docks où elle exploite des ouvriers sous-payés. Un véritable dragon impitoyable en affaires. Le dandy Peter Bergeray n’était pas de taille à l’affronter !

— Avez-vous rencontré Kristin Sadly ?

— Je me suis contentée de l’apercevoir : c’est bien la personne présente lors du débandelettage. Simple coïncidence ou début de piste ? Je n’ai pas encore creusé la question.

Ils achevèrent de déguster une truite savoureuse.

— Me permettez-vous de m’en occuper, lady Suzanna ?

Le sourire de la jeune femme aurait séduit un régiment de féroces guerriers.

— Je ne suis qu’une modeste auxiliaire de police, inspecteur.

— Trop modeste, en l’occurrence. Vos trouvailles constituent de précieux apports à mon enquête, et je vous en remercie. N’oubliez pas, cependant, qu’une sorte de monstre, capable de tuer sans le moindre remords, continue à rôder. Et si la momie est responsable de ces meurtres, notre misérable condition humaine n’interrompra pas son œuvre de mort.

— Vous réussiriez presque à m’effrayer, monsieur Higgins ! Une tarte aux pommes nappée de crème fraîche vous conviendrait-elle ?

— Difficile de résister.

— Je vous recommande aussi le moka, l’un des meilleurs de Londres.

Ravi d’échapper au thé, l’inspecteur suivit le conseil de l’avocate. Le soleil se cachait derrière des nuages gris, la température fléchissait.

— Vous n’évoquez pas les autres protagonistes de cette affaire, lady Suzanna.

— Je n’ai pas l’intention de les négliger et je tenterai d’obtenir un maximum d’informations à leur sujet. À l’heure actuelle, rien d’excitant. Andrew Yagab est un parvenu habile, exploitant agricole et châtelain de pacotille ; Henry Cranber un riche négociant en tissus ; Paul Tasquinio un commerçant ambitieux, capable de prospérer à Whitechapel ; et sir Richard Beaulieu un universitaire pontifiant, imbu de sa propre personne.

En buvant sa tasse de moka, la jeune femme s’assombrit.

— A deux reprises, récemment, j’ai vu converser en tête à tête, dans des restaurants huppés, sir Richard Beaulieu et le politicien Francis Carmick. Ce dernier se comportait comme un félin guettant sa proie, et l’érudit paraissait énervé.

— Avez-vous entendu ce qu’ils se disaient ?

— Malheureusement non.

Une cinquantaine de mouettes survolèrent les Royal Vauxhall Gardens en poussant des cris aigres.

— Vous ai-je été utile, inspecteur ? Parfois, j’ai l’impression que vous savez déjà tout ce que je crois vous apprendre !

— Détrompez-vous, lady Suzanna.

— En ce cas, je continue.

 

Le procès de la momie
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